11 novembre 2018

KAYSERSBERG VIGNOBLE Article DNA

Kaysersberg Vignoble - A l’Espace Pluriel de Sigolsheim

Le jazz des années 30

La musique est le meilleur moyen de rester jeune, surtout celle que diffusent avec une passion communicative les Célestins depuis 45 ans, le jazz New Orleans des années 20/30

Entre légèreté et gravité, les cuivres en fanfare.  PHOTO DNA  Entre légèreté et gravité, les cuivres en fanfare.  PHOTO DNA



 Espiègles , ils ont l’air d’une bande de collégiens (c’est le nom que Ray Ventura donnait à ses musiciens) surdoués qui auraient digéré une culture et une expérience hors normes.

On retrouve Robert Mérian (clarinette, sax soprano et ténor) entouré de Jean Marie Wihlm et de ses deux banjos, de Christophe Burger au sax baryton, chant et « baratin » -c’est lui qui le dit, en fait précieuses indications sur les morceaux- et de la famille Isenmann, Pierre et son sémillant cornet, Georges appliqué au trombone et Paul et son étonnant et gravissime soubassophone, un cuivre qui se prend pour une contrebasse… Le tout dominé par la force tranquille des percussions de Jean-Louis Fernandez.

New Orleans, la salle comble aujourd’hui y est transportée d’entrée avec une parade dans Bourbon street, un « old rugged cross » entre gravité affectée et explosions d’allégresse. L’inspiration se nourrit aussi un peu plus au Sud avec Melancholy et Rumba Negro. Les solos virtuoses se transforment en duels éblouissants et Mérian a beau jeu de composer avec la turbulente et aérienne trompinette de Pierre, qui selon le cas « ratche » dans les aigus, vocalise ou roucoule sous la sourdine.

Les ruptures de rythme sont fréquentes dans ce genre musical, on gambille sur Everybody loves my baby ou on rêve langoureusement d’une sweet Lotus blossom. Et si rien n’est fixé d’avance, le show partage avec un Fifty-fifty blues.

Dans leur ensemble, les Français ne connaissaient de Sydney Bechet que l’éternel Petite fleur  : Les Célestins réhabilitent le compositeur polymorphe avec l’exotique Egyptian fantasy, et ils n’ont pas ce soir affaire à des béotiens, car lorsque Burger annonce une second titre, Dans les rues.. une partie de la salle ajoute « d’Antibes » où Bechet aimait à séjourner.

Les amours gaies succèdent aux amours tristes, le lascif New Orleans précède un turbulent Panama et le septuor choisira une commémoration moins courante ce vendredi 9 novembre 2018, rappelant la « Reichskristallnacht » naturellement illustrée par Bei mir bist du schein.

Enfin, Eric Cousin joint son banjo à la formation qui descend dans le public, réitérant la forme de la parade initiale, enchaîne plusieurs bis et concède au public le O when the saints qu’il reprendra en standing ovation.


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